dimanche 3 mai 2009

Qu'est-ce que la philosophie?

INTRODUCTION
La philosophie est vue en générale sous trois visages qui se succédèrent au cours de l’histoire de la pensée. Elle peut être vue à travers Socrate comme une réflexion critique, comme une attitude pratique ou un art de vivre fondé en raison chez les penseurs de la période hellénistique comme Marc-Aurèle ou Épictète parmi les stoïciens, ou comme une métaphysique ou science de l’être en tant qu’être par opposition au paraître avec Aristote. Dans tous les cas, elle signifie étymologiquement « amour de la sagesse », donc amour de la vérité et de la justice et amour de bien vivre. Comme le mythe, elle est venue pour répondre au besoin de vérité qui s’exprime en tout homme, dans toute société et dans toutes les époques de l’histoire de l’humanité.
I.Le contexte de son émergence
Dans Les origines de la pensée grecque, Paris, P.U.F, 1962, et dans Mythe et pensée chez les Grecs, Paris, Ed. Maspero, Rééd. 1971, Vol. II, JP Vernant, établit un lien entre l'émergence de la « polis » et l'émergence de la philosophie dans la cité grecque. La « Polis » est une organisation sociale dans laquelle le pouvoir est partagé entre les citoyens. Les lois ne viennent donc plus d'en haut (du roi, du tyran, de l'aristocrate). Il faut les discuter, et en décider en fonction d'intérêts collectifs. Elle fut à l'origine de grands changements dans tous les domaines de la vie. Avec l’avènement de la « polis » on assiste à la création de nouvelles constitutions, à la critique de la tradition, à savoir, de l'ancienne forme d'organisation politique caractérisée par la manière de prendre les décisions : les décisions sont prises par des aristocrates, dans le secret. Cet ancien ordre politique est aussi caractérisée par l’éducation morale et militaire :il n’ y a pas de place à la parole, si ce n'est à travers la récitation des poèmes traditionnels portant sur les origines mystérieuses de la ville. La polis entraîne l’apparition d'une nouvelle forme d'organisation politique qui est la démocratie. La démocratie grecque est caractérisée par le fait que les décisions sont prises par l'ensemble de la collectivité, et en public, donc après l’examen des propositions faites au peuple par la conscience. Dans ce contexte de libre expression et de libre examen de la pensée, une grande place est accordée à la parole qui est la forme la plus vivante et la plus directe du langage humain. La parole est importante dans la démocratie qui reconnaît la diversité des opinions et des choix pratiques ,il faut savoir parler et convaincre une assemblée, influencer les décisions. L’importance de la parole ou du discours rationnel portera son influence sur la manière de penser et d’expliquer les phénomènes du monde Les premiers écrits " philosophiques " apparaissent et on assiste à l’abandon progressif du mythe comme mode d'explication et de compréhension du monde et de la société, notamment avec Ecole de Milet. C’est dans ce contexte aussi que la rhétorique fit son apparition avec les sophistes. C’est également dans ce contexte qu’apparaît Socrate que nous connaissons grâce à son disciple Platon qui apparaît comme l’administrateur de ses pensées en les restituant dans différents dialogues autour de sujets et avec un personnage qui l’interroge sur la science, sur la vertu, sur le beau, sur la politique, etc.
La philosophie est donc une nouvelle manière de penser qui est apparue dans la Grèce antique en marquant sa rupture avec la manière d’expliquer ce qui se produit dans le monde par le mythe ou par la religion, à la suite de l’avènement de la Polis qui instaura la démocratie et entraîna des transformations radicales dans l’organisation sociale, des relations entre les hommes et des relations entre les hommes et les institutions sociales et qui donna à la conscience réfléchie, la raison et à parole une puissance nouvelle dans la vie humaine des peuples et des individus. Quelles sont les marques spécifiques de cette nouvelle manière de penser ?La philosophie est l’amour de la vérité et du commandement justifié par la raison humaine. Avec la naissance de la cité grecque, la parole n'est plus le mot rituel, la formule juste, mais le débat contradictoire, la discussion, l'argumentation. Autrement dit, il ne suffit plus que cela soit dit par l’autorité politique, religieuse ou familiale ou académique pour que cela soit juste. Le public n’est plus considéré comme un simple « troupeau humain »enfermé dans un enclos de certitude et de repos qui paisse à n’importe quelle pâture. Les consciences individuelles et les consciences du public auquel s'adresse la parole est considéré comme à un juge qui décide en dernier ressort, à mains levées( dans les petites assemblées), entre les deux partis qui sont dans une confrontation théorique. Désormais la discussion, l'argumentation, la polémique deviennent les règles du jeu intellectuel, comme du jeu politique. La pertinence et la valeur des lois et celle des commandements ne s'imposent plus par la force d'un prestige personnel ou religieux. Les lois et les commandements indiqués ou proscrits doivent être démontrés et leur rectitude mise à jour dans toutes les consciences par des procédés d'ordre dialectique.
II .Des premiers philosophes en Ionie dans la Grèce antique : Thalès ,Anaximandre ,Anaximène ,Héraclite, Anaxagore, Diogène d'Apollonie, qui suivit les traces d'Anaxagore, et Archélaüs de Milet qui fut un des maîtres de Socrate.
La caractéristique de ces penseurs est qu’ils s'interrogeaient sur l'origine du monde, sur sa composition. On les appelle les " philosophes de la nature ", du fait qu'ils s'attachent essentiellement à la nature et aux phénomènes naturels. Ils voulaient comprendre et expliquer aux autres les changements perpétuels qu'ils avaient sous les yeux. Le dénominateur commun entre ces philosophe est la certitude selon laquelle il existe une substance unique à l'origine du monde. Ils s’opposent à la question de savoir quel est cette substance première qui donna naissance au reste du monde naturel.
Ce qu’il faut noter et qui est original dans la pensée des milésiens, c’est leur intention et leur effort intellectuel pour descendre du chemin du mythe comme voie ou forme d’explication de la nature. C'est pourquoi certains auteurs disent que l’école de Milet est la foyer duquel la " raison grecque "prit naissance et commença à chercher les éléments structurels de l’architecture du monde. Abandonner le mythe, c’est arrêter d’expliquer les phénomènes qui se produisent dans le monde en attribuant leur existence à des personnages surnaturels, à des dieux dont on ne peut déceler les traces dans les faits et dont on ne peut établir des liens théoriques nécessaires avec les faits dont ils seraient producteurs. En effet, cette école chercha à établir un système de physique pour remplacer les anciennes cosmogonies mythologiques, et à déterminer l'état primitif des choses, ainsi que leur principe dans l'ordre matériel.

III.Caractéristiques de l’esprit et de la pensée philosophique

Dans l’esprit des milésiens donc, raison s'oppose donc avant tout, à mythe, en tant que les deux désignent deux voies pour accéder à la vérité ou à la mesure des choses. C’est pourquoi aussi, en tant que fille de la raison, la philosophie c'est avant tout la raison parce qu'elle s'oppose à la religion et au mythe. La philosophie s'oppose aussi à la tradition car la tradition est toujours répétition et donc revalorisation de quelque chose qui a toujours été posée là par d’autres et que nous ne comprenons pas nécessairement dans sa raison d’être, même si nous maîtrisons les actes et les comportements qui sacralisent cette tradition, cet éternel hier qui refuse de mourir comme toute chose sinon qui refuse d’être dévalorisé et oublié. Les exigences de la pensée philosophique apparaissent chez Parménide d’Elée. Dans son Poème, il met en scène une Déesse qui révèle à tout homme la voie du Vrai. Cette Déesse lui enseigne aussi que la Vérité exige d'être démontrée et mise à l'épreuve de la réfutation.
Comment s’assurer qu’un pensée est vraie ?
Selon la nouvelle manière de penser, ce qui compte dans l’explication du monde ou dans l’explication de l’existence d’une partie du monde naturel ou du monde humain, ce n'est pas le résultat, mais la manière de procéder, la manière d’organiser les choses par la raison. C’est ce qui caractérise la pensée rationnelle. L’esprit philosophique en tant que spécialiste dans la pensée rationnelle, se soucie d’abord sinon exclusivement ou alors plus, de sa propre cohérence interne que de son accord extérieur avec les faits sur lesquels s’applique la raison. Dans son travail, l’esprit philosophique construit d’abord des concepts, et à ces concepts il donne des contenus, des propriétés universelles constantes. Entre ces concepts il met des connecteurs logiques qui représentent des relations nécessaires. Ainsi le discours philosophique apparaît comme un édifice théorique fait d’ un ensemble de concepts liés les uns aux autres par une chaînes de relations nécessaires, un édifice qui est verrouillés contre toute attaque du monde extérieur.

IV. Qu’est-ce que la cité et l’homme peuvent attendre de la philosophie ?
Dans la polis où la démocratie devient la règle du jeu aussi bien dans les discussions théoriques que dans les affaires politiques, comme dans les affaires économiques, les passions et les intérêts peuvent être divergents et se heurter. La cité et les acteurs ont besoin alors d’arbitre. On peut légitimement attendre du philosophe qu’il joue le rôle d’arbitre, celui qui sait départager les conflits de tout genre. Cette fonction peut lui être attribué si on s’en tient à sa profession de foi :la philosophie est étymologiquement, amour de la sagesse. Dans sa forme théorique, cette sagesse repose avant tout sur le pouvoir de discernement, sur le pouvoir de remonter par la raison jusqu’à la cause dernière ou ultime des faits examinés. Sur le plan pratique, cette sagesse s’incarne dans une certaine manière de vivre qui est guidée par la raison, par la vérité et par la justice. La philosophie a joué aussi ce rôle car, les premières formes de législation, les premiers essais de constitution politique sont venues des anciens sages et philosophes grecs. Aujourd’hui encore, on identifie la philosophie à un réflexion critique, à une manière de vivre ou à une éthique assez originale et à une connaissance de l’être en tant qu’être ou métaphysique,
1.La philosophie comme réflexion critique
C'est de l’enseignement théorique que Socrate dispensa dans les rues d’Athènes et de l’enseignement qu’il donna face à son attitude devant la mort et l’injustice des magistrats des tribunaux de son pays sous la démocratie que la philosophie va prendre une nouvelle identité, une nouvelle forme et un nouveau contenu et une nouvelle méthode de recherche de la vérité.
Avec Socrate, personnage toujours présent dans les dialogue de son disciple Platon, la philosophie n’est pas ce lieu où certains hommes détiennent la vérité et qui sont capables de répondre à toutes les questions. En philosophie, nous ne sommes pas non plus dans l’espace d’un « dahiras » où on apprend et récite des versets divins ou venant de sages confirmés par Dieu sans aucune possibilité d’y trouver une inclination à redresser. Mais dans l’espace de la philosophie toute les questions peuvent être posées, pourvues qu’elles soient bien formulées pour espérer être traitables par les agents de la raison et de la pensée rationnelle. La philosophie ne livre pas un savoir positif. Avec Socrate, elle est avant tout réflexion critique sur ce que nous savons déjà, sur ce que nous croyons spontanément savoir. C’est pourquoi elle est perpétuelle remise en cause.
D’une autre manière plus positive, la philosophie se définit comme une tentative pour comprendre les principes généraux et les idées qui se cachent derrière les divers aspects extériorisés de la vie. C’est la raison pour laquelle on peut diviser son espace en en autant de domaines qu'il y en a dans la vie : il y a une philosophie de la religion, de l'art, du droit, des affaires même, etc. Aujourd'hui, elle s'intéresse plus particulièrement à la personne, l'éthique, l'intelligence artificielle.

La philosophie politique par exemple pose des questions au sujet de la justice et de l'égalité, au sujet de savoir comment un Etat devrait être organisé, et au sujet de savoir ce que signifient des idées telles que la démocratie. Elle essaye de comprendre quel est le but de l'entreprise politique.
La philosophie se posent toujours ces questions:que voulons-nous dire par ces mots?(qu’est-ce que… ?) Comment pouvons-nous savoir si c'est vrai? Quelles sont ses implications?On peut dire à partir de ces questions fondamentales, que la philosophie a pour but en général la clarification :celle des pensées, des concepts, et du sens du langage. Philosopher, c'est penser clairement et de façon précise. C’est pourquoi aussi la majeure partie de la philosophie est donc concernée essentiellement par le langage. D'ailleurs, certains philosophes considèrent leur tâche comme essentiellement linguistique :ce sont les philosophes analytiques, mouvement anglo-saxon né au début du XXe siècle, avec Wittgenstein et Russell.

2.La philosophie comme art de vivre
L’homme de a période hellénistique demande à la philosophie des réponses concrètes: la philosophie comme art de vivre
On appelle période hellénistique, la période pendant laquelle la culture grecque, grâce à la fondation de l'empire d'Alexandre mort en 323 avant JC, s'étend dans les pays méditerranéens. Parmi les conséquences de cette extension du foyer grec, il faut noter les luttes entre les successeurs d’Alexandre Le Grand et les guerres entre les grandes cités grecques qui se détruisent. Il faut noter aussi l’affaiblissement et la mort silencieuse de l’ancienne cité petite cité grecque agonise qui se perd dans les grands Etats centralisés. Dans ces changements l'individu se sent désorienté. Il s’interroge dans sa solitude : quel parti prendre? comment choisir sa vie?Ne sentant dans l’immensité de l’Etat ,la chaleur de la cité dont les limites étaient aussi réelles que les côtes d’une gouvernante, il préfère se replier sur lui-même que de s’attacher à un Etat abstrait qu’il ne voit pas et à des citoyens qu’ils ne voient jamais. Devant lui, il y a la philosophie. La philosophie de ce temps n'est pas théorique : « il faut d'abord trouver des réponses pratiques, des règles de conduite, et une sagesse pour la vie quotidienne. Ce qui compte, c'est l'organisation de l'existence. La philosophie vise alors l'utile dans le champ de la vie. » Comment trouver le salut? Le stoïcisme, l'épicurisme, et le scepticisme, se proposent le même idéal : pour parvenir au bonheur, le sage de l'époque hellénistique décide d'acquérir l'indépendance de l'esprit. Dans le malheur de la réalité, dans ce monde où tout se désagrège, il doit être impassible, indifférent, imperturbable. Il ne pâtira de rien, ne s'attachera à rien. Seule compte désormais la liberté de l'esprit. Le maître mot des philosophes hellénistiques, c'est l'ataraxie",c’est-à-dire, l'absence de trouble et l'indifférence de l'esprit. Epicure souffrira sans se plaindre des atroces douleurs de ses calculs de la vessie, le sage Epictète se laissera briser les os sans murmurer, et le sceptique Pyrrhon supportera sans sourciller une cruelle opération. Tous trois recherchent l'équilibre d'une âme que rien ne peut troubler, et restent parfaitement sereins en toutes circonstances. Liberté et béatitude sont leur unique but. Bref : tous veulent bâtir, dans un temps agité, une citadelle abritée par la pensée. Etre philosophe, c'est professer un mode de vie différent des autres hommes, après une conversion qui opère un changement radical de la vie. Ce qu'un philosophe recherche avant tout, c'est à améliorer son caractère.
Ce n'est nullement un personnage qui écrit des livres de philosophie, mais
qui mène une vie philosophique. Ainsi, des hommes d'Etat ont été philosophes, comme Marc Aurèle.
- « Il y a des choses qui dépendent de nous et d'autres qui ne dépendent pas de nous. Ce qui dépend de nous, c'est la croyance, la tendance, le désir, le refus, bref tout ce sur quoi nous pouvons avoir une action. Ce qui ne dépend pas de nous, c'est la santé, la richesse, l'opinion des autres, les honneurs, bref, tout ce qui ne vient pas de notre action. »
- « Ce qui dépend de nous est, par sa nature même, soumis à notre libre volonté; nul ne peut nous empêcher de faire ni nous entraver notre action. Ce qui ne dépend pas de nous est sans force propre, esclave d'autrui; une volonté étrangère peut nous en priver. »
-« En conséquence, dès qu'une chose te semble douloureuse, songe à objecter aussitôt : "c'est une idée que je me fais, ce n'est pas du tout en réalité ce que cela paraît être". Ensuite, étudie cette chose, juge là à la lumière des principes que tu t'es donnés, et de celui-ci surtout qui est le premier : est-ce que cela fait partie des choses qui dépendent de nous ou non ? Et si cela fait partie des choses qui ne dépendent pas de nous, qu'il te soit facile de dire : "cela ne me touche pas".
Epictète, Manuel, § 1, ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous
3.La philosophie comme connaissance métaphysique
La différence entre physique et métaphysique ou plus généralement entre science et métaphysique réside essentiellement dans la manière d'arriver au résultat, de le prouver. C'est par le pouvoir de la seule raison que le philosophe-métaphysicien prétend dire comment est le monde. Par contre, le scientifique a toujours recours à l'expérience, aux faits observables. Les preuves de la science ne sont pas seulement de nature logique ou mathématique, mais expérimentales, concrètes, vérifiables par les faits qui sont généralement mesurables par des chiffres et dont la mesure fait appel à des instruments. La métaphysique est un genre de discours qui prétend dire comment est le monde véritablement, au-delà des apparences. Elle est un discours sur ce qui est au-delà du sensible. De manière plus spécifique, elle est un discours sur l'âme, le monde, et Dieu. La connaissance métaphysique se présente souvent sous la forme d’un système, c’est-à-dire sous la forme d’un discours qui prétend englober la totalité de l'expérience.
Dès l'origine, avec Platon et même avec les présocratiques, la philosophie avait pour ambition de connaître la vérité. Elle avait alors un objet, une cible spécifique : l'Etre, la réalité en elle-même ou en soi qui se trouve au-delà des apparences qu’elle prend dans l’histoire et dans les sens ou dans l’opinion mal éclairée.
C’est cette notion d’Etre en soi, de réalité pure et indépassable qui permettait à Socrate de critiquer le relativisme des sophistes qui enseignaient avec Protagoras que « l’homme est la mesure de toute chose »Avec Aristote, la philosophie atteint son sommet dans la métaphysique en tant que science du suprême connaissable, « science de l’être en tant qu’être »
C'est Kant qui le premier a innové la critique de la métaphysique, dans son œuvre, La critique de la raison pure (1781).Il affirme ce qui suit contre la métaphysique :« On ne peut rien dire concernant le monde par les vertus de la seule pensée », « On ne peut rien dire de ce qui va au-delà de ce dont on peut faire l'expérience, c’est-à-dire de l'essence cachée des choses »C’est en ce sens que Kant dit que la métaphysique est un véritable champ de bataille : tous les philosophes se contredisent, et n'arrivent pas à s'entendre. Il se demande alors si cela ne serait pas dû au fait qu'elle est un mode erroné de connaissance, et va se poser la question de ses conditions de possibilité. Le vrai problème de la métaphysique est pour Kant, celui de savoir jusqu'où la raison peut fonctionner, en dehors de l'expérience. Ainsi il formule la question : « la question est de savoir quels résultats il m'est permis d'espérer avec la raison, quand me sont ôtés toute matière et tout concours de l'expérience » ou encore :"La question principale est la suivante : "que peuvent et jusqu'où peuvent connaître l'entendement et la raison indépendamment de l'expérience? »
Kant s'appuyait sur les acquis de la science newtonienne; sa critique de la métaphysique était donc la conséquence inévitable d'une révolution majeure dans l'histoire de la pensée, qui a commencé dès le 17e avec Galilée : à savoir, la naissance de la science, de la méthode expérimentale. En effet, c'est en comparaison avec la science que la métaphysique ne voulait plus rien dire, puisqu'elle prétendait faire la même chose qu'elle, c’est-à-dire, donner un savoir positif sur l'expérience, mais, sans les méthodes qui font la validité d'une science. Mais la métaphysique est-elle pour autant morte aujourd’hui ?
CONCLUSION
La philosophie n’a pas totalement sorti l’homme des ténèbres de l’ignorance et n’a pas assouvi son besoin de vérité. Au contraire, on aurait pu dire, vu la diversité des réponses que les uns et les autres donnent face au même fait, que la philosophe rend la vérité plus difficile à atteindre qu’elle ne permet de la saisir. Si ce n’est pas le cas, la philosophie en donnant le primat à la subjectivité et à la cohérence interne du discours et en refusant une confrontation avec les faits, rend la vérité trop légère et parcellaire, chaque homme étant porteur conscient ou non d’une vérité personnelle. Mais parler ainsi de la philosophie serait lui faire un mauvais procès et lui rendre un hommage non conforme à ce qu’elle a apporté dans la conquête de la vérité. En créant le concept et en créant un modèle de rationalité et diverses voies d’analyse du réel, elle a permis à la science d’exister et d’apporter un plus de visibilité dans la théorie. Ce qui reste sûr, c’est qu’il n’y a nul part d’homme et encore moins de peuple chez un être qui ne s’interroge pas, qui se remet en cause et remet tout en cause avant d’adhérer. La philosophie est immortelle parce que l’homme est mortel.

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